En remportant le Wisconsin après avoir remporté la Géorgie et la Caroline du nord, Donald Trump remporte la présidentielle 2024. D’un point de vue cindynique, cette victoire met en évidence deux problématiques majeures : l’une concerne l’évolution de la guerre et les conflictualités, l’autre les risques et vulnérabilités. Et les deux sont liées.

La présidentielle de 2024 a été marquée par des opérations informationnelles incessantes: la désinformation devient une pratique courante, décuplée par la démocratisation de l’accès à internet et la difficulté des législateurs à produire des textes adaptés, en l’absence d’un débat public de niveau suffisant. Ces désinformations peuvent être attribuées soit à des acteurs politiques états-uniens ou des militants comme Elon Musk, qui ne se prive pas d’utiliser twitter comme il le souhaite, soit à des puissances étrangères, notamment la Russie. La guerre hybride constitue désormais le cadre idéologique de la politique étrangère russe, ce qui valide les avertissements de la Cindynique informationnelle, qui s’est développée dans un contexte général de sous-estimation, notamment institutionnelle, des menaces informationnelles.

Une vulnérabilité majeure pour les décennies qui viennent est donc la vulnérabilité informationnelle des populations, comme l’électorat de Donald Trump aux États-unis, ou les populations sahéliennes en Afrique. Cette vulnérabilité va s’accroître considérablement avec le développement de l’intelligence artificielle, la capacité de produire et diffuser des textes crédibles, de générer de fausses images, et même de manipuler les connaissances ou la perception que le public en a.

La guerre hybride russe va perdurer et déstabiliser l’équilibre international : ne pouvant accroître sa puissance absolue, la Russie ne peut qu’accroître sa puissance relative en diminuant celles de ses adversaires, par des ingérences et déstabilisations, en attisant les divergences et fabriquant de la haine raciale. Les conflictualités ne vont donc cesser de se développer et l’ONU n’aura probablement pas la capacité à contrer cette évolution, malgré une initiative comme le pacte pour l’avenir adopté en septembre 2024 dans une relative indifférence médiatique.

Par ailleurs, le nouveau Président états-unien est un climato-sceptique qui n’avait pas hésité à retirer les États-unis de l’accord de Paris en 2017. Au-delà de l’impact de ses futures décisions sur la transition énergétique, cela doit faire prendre conscience de la nécessité de prendre en compte le facteur géopolitique dans les analyses et les politiques de transition. Aujourd’hui, la plupart des analyses reposent sur des arguments techniques, certaines solutions, comme l’hydrogène, étant considérées comme irréalistes. Mais : des solutions semblant réalistes techniquement, comme le tout lithium/cuivre, peuvent s’avérer totalement irréalistes. Les approches techniques sont insuffisantes, notamment vis-à-vis des minéraux critiques, et ne peuvent pas ignorer les conflictualités ou la dimension géopolitique, ou faire l’hypothèse que la propension des humains à s’affronter va miraculeusement disparaître pour permettre une transition énergétique basée sur les meilleurs rendements possibles.

Ces considérations rappellent la nécessité des démarches transversales, transculturelles et transdisciplinaires, et suggèrent une focalisation accrue des Cindyniques sur les trois dangers majeurs des décennies qui viennent : les guerres hybrides et la désinformation, l’intelligence artificielle, et le réchauffement climatique