Les Cindyniques (du grec κίνδυνος : danger, péril, ou : combat, bataille) ont été impulsées par Georges-Yves Kervern à la suite de catastrophes majeures, comme celles de Bhopal ou Tchernobyl. Georges-Yves Kervern était polytechnicien (X55) et a notamment été Directeur adjoint de l'UAP : les Cindyniques ne viennent ainsi pas du monde universitaire, mais de celui des opérateurs économiques, confrontés à des difficultés concrètes.
Par rapport à la représentation classique bidimensionnelle du risque (probabilité x gravité), le renversement majeur de l'approche cindynique a consisté à replacer les organisations humaines au cœur des problématiques de danger.
Si la question de la finalité des acteurs et de la validité des modèles s'est imposée dans les études post-catastrophes, les Cindyniques ont aussi dû intégrer les questions d'éthique et de réglementation : Georges-Yves Kervern fut ainsi l'un des premiers à défendre la notion de business ethics en France.
Les Cindyniques décrivent rigoureusement le concept de résilience, et le concept associé de vulnérabilité, défini comme la propension des situations à générer des dommages : le concept de maîtrise des propensions est le concept stratégique central des Cindyniques. L'approche propensionniste adoptée par les Cindyniques est corollaire du rejet des approches fréquentielles, peu adaptées aux situations réelles, complexes, et uniques. SI cette notion de propension semble inspirée par Karl Popper, la notion de maîtrise des propensions est surtout inspirée par le concept-clé de l'Art de la Guerre : la pensée cindynique est une pensée profondément stratégique.
En appliquant la méthodologie cindynique aux risque informationnels, l'IFREI devait faire face au problème de la modélisation des situations non consensuelles. Parmi ces problématiques figuraient celle de la protection des données confidentielles ou personnelles, ou encore celle des désinformations, aujourd'hui illustrée par les usages captieux des réseaux sociaux à des fins d'ingérence dans les procesus électoraux, par exemple aux États-unis. Ces situations sont caractérisées par la confrontation de volontés de mise en œuvre d'opérations antagoniques, ce qui est à l'opposé des consensus souvent observés dans le domaine de la prévention.
L'IFREI a ainsi fait émerger les Cindyniques du second ordre en relativisant la notion de situation, et a introduit les concepts de divergences prospectives et de disparités de perceptions, qui permettent de caractériser rigoureusement la notion de conflictualité. Par ailleurs, cela permet de modéliser les phénomènes de friction décrits par Clausewitz dans le domaine militaire, qui s'observent aussi dans les opérations de prévention des risques, mais aussi, plus généralement, dans les actions de développement.
La réduction des disparités et divergences identifiables par la méthodologie cindynique permettent donc des gains d'efficience opérationnelle tant dans les domaines de la prévention que dans celui du développement. La même démarche est naturellement applicable dans le domaine de la prévention des conflits et de la réduction des conflictualités.
Les Cindyniques apparaissent ainsi comme un langage commun utilisable par les acteurs de ces trois domaines, ce qui est une avancée d'autant plus remarquable que ces trois domaines sont le plus souvent indissociablement liés dans un complexe risques-conflits-développement.
Ces évolutions font d'ailleurs écho aux évolutions de la pensée stratégique et, par exemple, à l'émergence de la doctrine de l'ultraguerre (ou de la guerre dite "hors limites") dont l'objet est précisément la combinaison d'actions offensives menées simultanément dans plusieurs domaines, en particulier non militaires.
La construction rigoureuse des modélisations cindyniques s'appuie sur les travaux de Mioara Mugur-Schächter, qui a élaboré une méthode épistémologique : la méthodologie de conceptualisation relativisée (MCR). Le noyau descriptionnel ainsi obtenu est volontairement compact et limité, de façon à être actionnable dans des domaines et des cultures divers, à favoriser la transdisciplinarité et les approches trans-sectorielles, et à permettre des extensions et des applications spécifiques et adaptées.
Pour approfondir
Cindyniques du second ordre :
Extension du concept vulnérabilité/résilience : Opérateurs de conformation, conflictualité et conciliance des situations infocindyniques.
Modélisation MCR des situations cindyniques multipolaires ou conflictuelles.
Disparités de perception et divergences prospectives : prévention et résolution de conflits, maîtrise des risques, et développement.
Infocindynique et complexe Conflits-Risques-Développement.
Aspects stratégiques :
Cindyniques et Art de la guerre, Infocindynique et Ultraguerre : La convergence cachée des sciences du danger et de la pensée stratégique chinoise.
Maîtrise des propensions chez Sun Tzu et Georges-Yves Kevern, Guerre hors limites et réponse infocindynique.
Méthodologie MCR :
La Méthode de Conceptualisation Relativisée. M.Mugur-Schächter.
Vidéo en ligne : Le Tissage des Connaissances. M.Mugur-Schächter.